Un lundi au péage
Lundi, 6h30. Le break crache son venin au péage de l’autoroute. Je cherche le ticket avec fébrilité dans le gris du matin. Je sens les phares et les klaxons, comme des scuds à mes fesses, prêts à m’envoyer bouler à la moindre misère. Qui arrivera premier à son boulot ? Les volutes de dioxyde annoncent l’explosive confusion de la semaine. Deux motards constatent d’abord mon désarroi de la pointe du bec, avec distance, puis se décident à prendre des mesures.
Panique à bord ! J’ouvre la boîte à gants comme si je voulais y trouver un flingue. Il n’y a là qu’une vieille boîte d’ampoules, et encore, elle n’est pas à jour. Impossible de faire demi-tour. J’ai tout fermé à clé. On a bien dû rester une à deux heures comme ça. Cécoins ! Les flics me parlaient comme à un malade et tentaient tant bien que mal de calmer la file électrique, par derrière. Certains mecs sortaient comme des oufs de leurs bagnoles pendant que je me recroquevillais dans la mienne. Ils voulaient me casser la gueule.
Vers 8 heures, ça vibrait de partout sur l’immense plage de bitume. Ça aurait pu pêter à tout moment. Un gradé a frappé à la vitre et m’a proposé d’appeler maman. Je n’avais pas de mobile. Il m’a prêté le sien sans façon. Après avoir un petit peu parlé, histoire de se donner des nouvelles, elle a dit : “Ne bouge pas, on vient te chercher avec papa !” J’étais content, rasséréné, et j’ai fait un petit signe de remerciement à l’agent en lui rendant son engin. Il m’a fait un beau sourire puis s’est retourné en faisant de grands signes de bras à d’autres gars, qui en faisaient à leur tour aux autres, de loin en loin. Un joyeux concert de klaxons a salué ce sympathique épilogue. On se serait cru à la sortie du stade. Les mecs avaient l’air tellement contents de pouvoir enfin aller bosser, paisibles.
Moi, j’y suis plus jamais retourné. Ni au charbon, ni sur l'autoroute. Encore moins au stade, où je n'avais guère d'accointance. Maman m’a acheté un vrai flingue après ça. Histoire que je me sente un peu en sécurité. Et que j’m’amuse aussi, en regardant les films de mon acteur préféré, Christopher Walken…
Panique à bord ! J’ouvre la boîte à gants comme si je voulais y trouver un flingue. Il n’y a là qu’une vieille boîte d’ampoules, et encore, elle n’est pas à jour. Impossible de faire demi-tour. J’ai tout fermé à clé. On a bien dû rester une à deux heures comme ça. Cécoins ! Les flics me parlaient comme à un malade et tentaient tant bien que mal de calmer la file électrique, par derrière. Certains mecs sortaient comme des oufs de leurs bagnoles pendant que je me recroquevillais dans la mienne. Ils voulaient me casser la gueule.
Vers 8 heures, ça vibrait de partout sur l’immense plage de bitume. Ça aurait pu pêter à tout moment. Un gradé a frappé à la vitre et m’a proposé d’appeler maman. Je n’avais pas de mobile. Il m’a prêté le sien sans façon. Après avoir un petit peu parlé, histoire de se donner des nouvelles, elle a dit : “Ne bouge pas, on vient te chercher avec papa !” J’étais content, rasséréné, et j’ai fait un petit signe de remerciement à l’agent en lui rendant son engin. Il m’a fait un beau sourire puis s’est retourné en faisant de grands signes de bras à d’autres gars, qui en faisaient à leur tour aux autres, de loin en loin. Un joyeux concert de klaxons a salué ce sympathique épilogue. On se serait cru à la sortie du stade. Les mecs avaient l’air tellement contents de pouvoir enfin aller bosser, paisibles.
Moi, j’y suis plus jamais retourné. Ni au charbon, ni sur l'autoroute. Encore moins au stade, où je n'avais guère d'accointance. Maman m’a acheté un vrai flingue après ça. Histoire que je me sente un peu en sécurité. Et que j’m’amuse aussi, en regardant les films de mon acteur préféré, Christopher Walken…